Intemporelle

Vaincre la Phobie Sociale

Vendredi 18 mars 2011 à 19:12

http://fc09.deviantart.net/fs36/f/2008/272/8/d/I__m_sOrry_by_Everlastinglovex3.jpgNouveau rendez-vous à la banque.
Il m'accompagne, je ne suis pas encore prête pour m'y rendre... seule.

Angoisse.
La conseillère a mon âge : nous étions dans le même collège, ce qui ne m'aide... pas. Tout au long du rendez-vous, il me fait les gros yeux, me donne des coups de pied, et multiplie les blagues pour tenter de me détendre, mais en vain.

J'avance, mais le social, ça ne reste définitivement pas mon truc.

Mardi 15 mars 2011 à 12:44

http://fc09.deviantart.net/fs70/f/2010/343/7/e/somewhere_over_the_rainbow_by_meppol-d3422k4.jpgLe rendez-vous téléphonique d’hier s’est bien passé. Même si j’ai dû me concentrer au-delà de mes capacités - si je puis dire - pour ne pas perdre mes moyens.
Je crois que j’ai eu tant de nuits inachevées ou blanches, tant d’angoisses, de ruminations, que lorsque le téléphone a sonné, je n’avais plus rien à penser, à perdre. Le logique du « advienne que pourra ». Trop d’angoisses tue l’angoisse ?

Ce matin, nous sommes allés à la banque, pour la deuxième fois.
Ils semblent d’accord pour le prêt. Cependant, ils ne peuvent prendre celui-que-j’aime comme caution. Pour un prêt étudiant, ce doivent être obligatoirement mes parents. Ne reste qu’à croiser les doigts, encore. Les appeler. Et à nouveau, advienne que pourra.

[Ils n’ont pas le droit de me dire non. Ils n’ont pas le droit… ]
Et puis, ce matin, le rendez-vous chez ma psy.
Cela s’est très bien passé. Elle semble fière de mes améliorations, comprend mon épuisement, m’encourage.
Evidemment, je me sens mieux, et fière également, fière de voir que oui, je suis capable de faire des choses, que je ne suis pas une moins que rien. J’ai moins peur du téléphone du fait d’avoir beaucoup utilisé ce dernier ces derniers temps. Un jour je serai libre, j’irai au travail, comme tout le temps, je conduirai, comme tout le monde, je ne regarderai pas mes pieds dans la rue, comme tout le monde, j’aurai une vie sociale comme tout le monde. Ou presque, je sais, le « comme tout le monde ». Même si pour le moment " vous n'êtes pas en état de travailler". Ca viendra.

Petit à petit, l'oiseau fait son nid.

***
Les phobies sociales concernent les individus qui, dans une ou des situations sociales éprouvent une forte anxiété. Ces manifestations anxieuses intenses et la plupart du temps paralysantes ou inhibitrices conduisent le sujet à éviter les dites situations, d’où un fort handicap. Des situations telles que :

PERFORMANCE INTERACTION SOCIALE
Téléphoner en public Parler à des gens qui détiennent une autorité 
Participer au sein d’un petit groupe Aller à une soirée
Manger dans un lieu public  Contacter par téléphone quelqu’un qui ne vous connaît pas très bien
Boire en compagnie dans un lieu public  Parler à des gens que vous ne connaissez pas très bien
Jouer, donner une représentation ou une conférence Rencontrer des inconnus
Travailler en étant observé Etre le centre d’attention
Ecrire en étant observé  Exprimer son désaccord ou sa désapprobation à des gens que vous ne connaissez pas très bien
Uriner dans des toilettes publiques Regarder dans les yeux des gens que vous ne connaissez pas très bien.
Entrer dans une pièce alors que tout le monde est déjà assis Essayer de draguer quelqu’un
Prendre la parole à une réunion Rapporter des marchandises dans un magasin
Passer un examen Donner une soirée
Faire un compte rendu à un groupe Résister aux pressions d’un vendeur insistant
Source : http://www.anxietesociale.org

Lundi 14 mars 2011 à 3:06

http://fc04.deviantart.net/fs70/i/2010/203/1/d/new_haircut_by_LeontineStradivarius.jpgJe ne sais pas ce qui m'effraie le plus si l'on parle d'un inconnu : lui parler en face, ou au téléphone.

J'ai toujours eu peur du téléphone. Depuis toute petite, mais cela s'est aggravé à la fin de l'adolescence. La peur est modérée si je connais la personne, et intense si je ne la connais pas.
Le téléphone a pourtant des avantages : personne ne nous voit nous tortiller, transpirer, trembloter, fermer les yeux. Et pourtant, j'ai terriblement peur de décrocher dès qu'il se met à sonner.
Peu d'amies ont la chance de me voir répondre à leurs appels, par ailleurs.

Ayant décidé de terminer mes études inachevées pour cause d'anxiété sociale forte, d'absentéisme, de crises d'angoisse ou de panique, je dois discuter régulièrement avec un conseiller au téléphone.
J'ai "survécu" les premières fois, mais plus les appels se multiplient, plus j'angoisse. Je devais appeler vendredi, je n'ai pas osé. Je me suis cachée dans un coin, persuadée de mériter une punition, incapable de me ressaisir, d'affronter, me faire violence. Il faut absolument que je trouve le courage d'appeler tout à l'heure, vers neuf, dix heures, si je ne veux pas perdre ma place dans cette école par correspondance. J'ai si peur de perdre mes moyens, qu'on se rende compte de ma terreur, que l'on se moque. Pire, que l'on me juge.

Je dois demander un sursis à mon délai de réflexion, car pour payer mes études, il me faut un prêt, et les banques ne sont pas pressées de "me" l'accorder. (je ne travaille pas, un gros blocage à traiter ceci dit, ce serait mon petit ami qui rembourserait le prêt dans un premier temps, et moi ensuite, quand j'aurai le courage de travailler, qui le rembourserai.) Je m'en sens totalement incapable. Mon conseiller s'énervant facilement, je crains perdre tous mes moyens, et ma place dans l'école. Terminer mes études est vital. Je regrette mes diverses maladies m'ayant empêchée de les achever il y a quelques années.

Mardi, seconde épreuve et pas des moindres : aller à la banque. Seule, j'en serais incapable, totalement incapable. Mais mon petit ami sera là, il sait parler quand il s'aperçoit que je panique, il m'aide à gérer. Cependant, je n'ai nulle envie de m'y rendre. Pourtant, il le faut. C'est le passage obligé. je me décompose d'avance, plusieurs jours que j'ai du mal à manger, à dormir. Plusieurs jours que j'avale mes pilules roses par poignées. Plusieurs jours que je me ronge les ongles jusqu'au sang. Je ne tiens plus, il faut que ces épreuves soient passées, que je puisse respirer.

J'ai tellement peur, tellement, tellement peur. Ce serait tellement simple de tout éviter... mais je désire guérir plus que tout de cette saloperie.


 
****
 
CRITERES DE LA PHOBIE SOCIALE

A. Une peur persistante et intense d'une ou plusieurs situations sociales ou bien de situations de performance durant lesquelles le sujet est en contact avec des gens non familiers ou bien peut être exposé à l'éventuelle observation attentive d'autrui. Le sujet craint d'agir (ou de montrer des symptômes anxieux) de façon embarrassante ou humiliante.
B. L'exposition à la situation sociale redoutée provoque de façon quasi systématique une anxiété qui peut prendre la forme d'une Attaque de panique liée à la situation ou bien facilitée par la situation.
C. Le sujet reconnaît le caractère excessif ou irraisonné de la peur.
D. Les situations sociales ou de performance sont évitées ou vécues avec une anxiété et une détresse intenses.
E. L'évitement, l'anticipation anxieuse ou la souffrance dans la (les) situations(s) sociale(s) redoutée(s)  ou de performance perturbent , de façon importante, les habitudes de l'individu, ses activités professionnelles (ou scolaires), ou bien ses activités sociales ou ses relations avec autrui, ou bien le fait d'avoir cette phobie s'accompagne d'un sentiment de souffrance important.
F. Pour les individus de moins de 18 ans, on ne porte le diagnostic que si la durée est d'au moins 6 mois.
G. La peur ou le comportement d'évitement n'est pas lié aux effets physiologiques directs d'une substance ni à une affection médicale et ne sont pas mieux expliqués par un autre trouble mental (p. ex. le trouble panique avec ou sans agoraphobie).
H. Si une affection médicale générale ou un autre trouble mental est présent, la peur décrite en A est indépendante de ces troubles; par exemple, le sujet ne redoute pas de bégayer, etc..
Les caractéristiques habituelles associées à la phobie sociale comprennent une hypersensibilité à la critique, à une évaluation négative ou au rejet, une faible estime de soi ou des sentiments d'infériorité. Les sujets ayant une phobie sociale craignent souvent une évaluation indirecte par les autres telle que de passer un examen.


Dimanche 13 mars 2011 à 18:30

http://fc05.deviantart.net/fs5/i/2005/126/7/2/Timid_Raven_by_Aparition.jpgVoici quelques exemples postulats- types rencontrés dans le trouble de personnalité évitant (Freeman et Leaf plus d‘autres schémas fréquents) :

1. Je dois être apprécié.

2. Je ne dois pas paraître idiot aux yeux des autres, à aucun moment.

3. Le monde est dangereux.

4. Les autres doivent prendre soin de moi.

5. Mieux vaut être isolé que de risquer d'être blessé.

6. Toute critique envers moi est une terrible condamnation.

7. Les gens doivent m'offrir des garanties inconditionnelles d'acceptation avant que je puisse établir des liens avec eux.

8. Je suis indésirable.

9. Les autres sont critiques, indifférents ou humiliants.

10. Je ne peux pas supporter les émotions négatives.

11. Si les autres me côtoient, ils vont me connaître mieux, se rendre compte de qui je suis et m’agresser ou me rejeter (syndrome de l’usurpateur).

12. Il vaut mieux ne pas faire que de courir le risque d’échouer.
Si on devait extraire une croyance fondamentale de ces postulats, cela pourrait être : « Les autres risquent de me blesser » (et le risque est trop grand ou l’intensité de la blessure envisagée trop importante). Il y a donc une très forte appréhension à se dévoiler, voire à se lier avec autrui, sans la certitude absolue d’être aimé ou apprécié.

Source : http://www.anxietesociale.org

Dimanche 13 mars 2011 à 14:50

http://fc01.deviantart.net/fs70/i/2010/342/b/4/follow_by_m0thyyku-d3208am.jpgJe crois que la première manifestation du trouble est apparu en septembre 2004.

Cependant, auparavant, ma timidité dépassait l'entendement. Une peur folle de me rendre à l'école, je me souviens de ma mère, me tirant par le bras jusqu'à la voiture pour m'emmener sur les lieux scolaires. Je n'osais me rendre dans la cour lors des récréations : je pensais me perdre. Peu d'amis. Peur de parler. Des maux de ventre abominables, des nausées. Les crises d'angoisse. Déjà. Violentes. Une seule envie : fuir. Fuir tout ce qui me faisait peur.

Je tenais bon, je luttais contre. Jusqu'à la fin du lycée, je crois pouvoir dire que je n'étais " que timide ". Extrêmement timide. Ce qui est tout à fait normal.

Ce n'est qu'en septembre 2004, en arrivant sur Lyon pour mes études, que tout a commencé. L'incapacité de sortir, la peur intense des autres, leur présence, leur regard, leur jugement, la peur d'entrer dans un magasin, la peur de traverser une route, de prendre le bus, pire, le métro.

Je suis restée trois jours en cours dans cette école très chère, à pleurer toutes les larmes de mon corps, terrorisée. J'avais fait croire qu'un ami s'était suicidé pour expliquer mon état, mais déjà, on me disait que j'étais là pour travailler et que je devais cesser de faire l'enfant. Au bout du troisième jour, j'ai lâché prise : les crises de panique m'étaient insupportables. Ma psychiatre me déscolarisa.

Vous n'êtes pas en état, mademoiselle. Faites une pause. Soignez-vous avant de penser continuer vos études.


Face à mon refus de sortir de mon studio, ma mère resta avec moi une semaine entière. Elle tenta de m'entraîner de bus en bus, m'initier au métro. Me faire connaître les commerces voisins. Après son départ, je ne sortais que très rarement, toujours effrayée au possible. La tête baissée et les mains tremblantes. Pour éviter la peur, j'avais ma solution miracle : éviter les situations qui me faisaient peur. Eviter de sortir. Eviter de prendre le bus. Eviter ci, éviter ça. Grignoter les évitements jusqu'à ne plus rien faire du tout, emmurée dans un studio minuscule.

Des suites de la dépression, l'anorexie-boulimie, les tentatives de suicide, je terminais mon maigre chemin en clinique psychiatrique.

Ce fut là que l'on m'affubla d'un symptôme supplémentaire, jusqu'alors inconnu car je ne connaissais pas réellement l'expression.

Après m'avoir écoutée, mon nouveau psychiatre avait prononcé tout en le notant : " phobie sociale sévère ".

Et là, j'avais encore plus l'impression d'être un "cas".

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